Cognac : 2020, une année aux multiples défis

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, la période de distillation à Cognac commence. J’aime le calme qui règne dans les distilleries avec, pour seul bruit de fond, l’eau-de-vie qui se façonne dans les alambics. C’est l’occasion de partager avec les distillateurs ces fameux casse-croûtes dont la région a le secret, arrosés de bouteilles amenées au grès des passages des uns et des autres. Ce calme est trompeur car, pendant que les 4000 alambics ronronnent nuit et jour, tout ce que la région compte d’acheteurs, d’intermédiaires, de vendeurs s’affairent pour que chaque goutte de vin trouve preneur.

 

Cognac sous le joug du climat

C’est maintenant que les revenus des viticulteurs, des bouilleurs de crus, des courtiers, des bouilleurs de profession, et des marchands en gros, se décident : c’est le « Money time » ! Et pour vendre chacun de ces « hectos de pur », selon l’expression consacrée, il a fallu redoubler d’efforts cette année.
2020 pourrait en effet rester comme une année contrastée. « Covid-19 ! » commenteront les béotiens, loin s’en faut. Tout commence par un cycle de la vigne très perturbé par les tourments climatiques, par le mildiou, puis par une période de sécheresse peu fréquente. Quand le moment des vendanges arriva, une chaleur écrasante mit aussi les groupes de froid à rude épreuve… pour ceux qui en avaient ! En plus des risques liés à une macération importante des jus sur les peaux, annonciatrice d’une augmentation des alcools supérieurs, certains durent brétailler avec une souche de levure récalcitrante, des températures de fermentation battant des records, et un titre alcoométrique volumique trop élevé.

Paul Caris - B'OAK

 

Une année à enjeux forts, entre pandémie et gestion des stocks

Il a fallu tout le talent, le travail, l’abnégation des acteurs de la filière pour franchir chaque obstacle. La distillation ayant à peine commencée, un nouveau défi se présente pour la région : où allons-nous stocker les eaux-de-vie 2020 ?
Bien que le record du rendement le plus important revienne à 2018/2019 (14,64HLAP contre 12,80HLAP en 2020), il va falloir faire preuve d’inventivité pour loger la récolte de cette année. La pandémie mondiale a en effet mené à une baisse inattendue des ventes de Cognac ; les stocks d’invendus viennent alors s’ajouter à ceux des précédentes récoltes, déjà plutôt conséquentes.
Pour couronner le tout, la bien nommée « Spirit Valley » a, depuis quelques années, diversifié la gamme de spiritueux dont elle prend soin dans ces chais, venant ajouter quelques milliers d’hectolitres de whiskys et de rhums aux millions d’hectolitres de Cognac. Nos barriques régénérées spécialement destinées aux spiritueux ainsi que nos boisés liquides premium B’Oak font d’ailleurs partie intégrante de la réponse à ce nouveau challenge !
Ceci dit, le Cognac a encore de beaux jours devant lui. Les amateurs d’eaux-de-vie et de spiritueux ne se laissent pas abattre et les producteurs sont prêts à relever tous les défis.

Paul Caris - B'OAK